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Shadok Cabinet

Une grève ferroviaire pour une réforme maladroite

12 Juin 2014 , Rédigé par Adrien Begin-Reverchon Publié dans #Nos Propositions

Le TGV, fleuron français de l'industrie ferroviaire (image common wiki)

Le TGV, fleuron français de l'industrie ferroviaire (image common wiki)

Nos concitoyens sont une nouvelle fois pris en otage par une grève ferroviaire qui paralyse le pays à quelques jours des premiers grands départs en vacances.

Quelle est la raison de la grève ? Les cheminots se sont mis en grève pour manifester contre la réforme ferroviaire mise en œuvre par Frédéric Cuvillier. Cette réforme prévoit la fusion entre la SNCF et Réseau Ferré de France. L'objectif étant de faire des économies, mais également de former un grand groupe compétitif face à la concurrence internationale.

Seul problème, la division entre SNCF et RFF n'a pas été mise en place au hasard. Elle est le résultat de plusieurs directives européennes. Celles-ci ont pour mission de préparer le secteur ferroviaire à une ouverture à la concurrence.Cette ouverture à la concurrence n'est aucunement assimilable à celle, désastreuse, qui avait été mise au point au Royaume-Uni. Outre-Manche en effet, le gestionnaire du réseau avait été privatisé. Le réseau étant géré par une entreprise privée, des exigences de rentabilité sont alors apparues. Ceux-ci étant difficilement conciliables avec les impératifs de sécurité qu'un tel secteur exige, divers accidents importants ont eu lieu.

La première pierre d'une ouverture à la concurrence du secteur ferroviaire a été posée par la Commission Européenne en 1991. Seulement, l'exemple britannique a imprimé les craintes d'une privatisation des réseaux ferroviaires. Il a donc été décidé que seuls les transports ferroviaires seraient ouverts à la concurrence, au fur et à mesure.

Mais si une entreprise ferroviaire comme la SNCF est propriétaire de son réseau, tout peut laisser à croire qu'elle en profitera pour facturer les sillons à un prix prohibitif ou refusera de les louer. Un sillon est une autorisation d'utiliser un tronçon de rail pour une période donnée. Une telle situation causerait de grandes distorsions de concurrence.

C'est la raison pour laquelle l'Union Européenne a exigé que soient clairement séparées les activités d'infrastructures, détenues par SNCF Infra, vers RFF. Notons également que la filiale Gares & Connexions a été créée dans le même objectif.

Ainsi, le projet actuel du gouvernement de réunir les deux entités sous une seule holding est contraire au droit de l'Union Européenne. Une fois encore, notre pays risque de payer des dizaines de millions d'euros d'amende. Hélas personne n'en parle réellement.

Notre proposition serait simplement de continuer le processus d'ouverture à la concurrence. Les exigences de ponctualité et de sécurité étant parmi les plus élevées au monde, le risque argué de transports ferroviaires dangereux n'est qu'un argument démagogique. La concurrence pour les trajets entre pays existe déjà. Et aucun accident majeur n'a été à déplorer entre Lyon et Venise, ou entre Francfort et Marseille.

Pour conclure, cette réforme est une erreur protectionniste de notre gouvernement. L'ouverture à la concurrence du secteur ferroviaire est bénéfique pour le pouvoir d'achat. Et les exigences européennes sont d'un tel niveau qu'il ne faut pas craindre le moindre risque, si ce n'est celui de voir les prix couteux du TGV diminuer. Mais venant d'un président du pouvoir d'achat, pourquoi s'y opposerait-il ?

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